La poule à la mique
On peut apprécier le régionalisme autrement qu'en lisant des articles d'histoire locale : par exemple, en se mettant à table pour manger un plat local ! Aujourd'hui, parlons de recette de cuisine.
Il y a fort longtemps, j'avais mangé un poulet à la mique dans un restaurant des Eyzies, en compagnie de Jean Guichard, préhistorien et conservateur du Musée des Eyzies.
J'ai oublié le nom du restaurant et celui de notre hôtesse. Jean Guichard avait téléphoné assez tôt à la restauratrice pour qu'elle ait le temps de préparer le fameux poulet à la mique : ce plat ne figurait pas au menu de son établissement.
C'était un poulet farci avec du pain perdu et bouilli avec des poireaux.
Aujourd'hui, j'ai fait de l'histoire expérimentale en préparant un poulet à la mique d'après mes souvenirs.
Si vous connaissez une recette traditionnelle du poulet à la mique, je suis preneur ! Notez-la en commentaire.
En attendant, voici "ma" recette du poulet à la mique.
Dans une marmite en fonte, je mets beaucoup de poireaux. Je les ai coupés en bouts de 8 à 10 centimètres de long et refendus en quatre, comme faisait notre hôtesse.
Je prépare la mique, pas à base de farine, comme l'indiquent souvent des recettes régionales, mais avec du pain perdu : du lait, deux oeufs, trois au quatre échalottes et des gousses d'ail coupées en petits morceaux, je sale et poivre un peu trop, comme il convient de faire avec toute farce. Je bats le mélange puis j'y ajoute les morceaux de pain, et je les presse avec une fourchette puis à la main, pour bien les imbiber.
Récapitulons les ingrédients !
Des poireaux, des patates, des échalottes et de l'ail
Je farcis le poulet qui se retrouve dans la cocotte avec des patates. Il me semble que la restauratrice ne mettait pas de patates, mais enfin, elles feront "ventre".
Comme il reste du lait préparé, j'imbibe d'autres morceaux de pain que je place autour du poulet.
J'ajoute de l'eau salée et poivrée qui monte à un bon tiers de la hauteur du poulet. Je mets le couvercle sur la marmite. Je remplis le couvercle d'eau jusqu'au niveau de sa bordure supérieure pour empêcher les vapeurs de cuisson de sortir.
Voilà, le poulet mijote. Il faudra surveiller le niveau du jus et l'assaisonnement. De temps à autre, vous remuez le fond de la cocotte pour empêcher les poireaux d'attacher.
Vous pouvez laisser mijoter longtemps : jadis, m'avait dit Jean Guichard, on prenait "une vieille poule qui avait fait plusieurs fois les 24 heures du Mans" pour la préparer avec la mique. On la mettait dans la marmite en fonte qui pendait dans la cheminée ; la poule mijotait à longueur de journée pour que sa chair s'attendrisse.
J'ai pris un poulet pour ne pas batailler avec la fourchette et le couteau.
Ce poulet était délicieux : un goût d'une grande finesse, les poireaux fondants et les patates parfumées par le jus dans lequel on les écrase.
J'ai retrouvé la saveur de la poule à la mique que j'avais mangée jadis aux Eyzies.
Et puis, voyez les ingrédients : une vieille poule (ou un poulet), des poireaux, un peu de lait, deux oeufs, des échalottes et de l'ail, du sel, du poivre et des patates. C'était le plat du pauvre, mais un plat succulent.
Rien à voir avec les menus "gastronomiques" soi-disant typiques du Périgord. Je doute que vous trouviez "la poule à la mique" sur le menu d'un restaurant périgordin. Il s'agit pourtant d'un plat traditionnel injustement oublié.