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Le pays foyen
8 novembre 2008

Bloc-notes 1

J'ai transcrit des contrats passés par des foyens en 1580 et j'ouvre ce bloc-notes comme une récréation agréable.

acte 

Eric Guibert passe discuter. Il me raconte les courses de vélos de sa jeunesse, dans les années 1970, ses victoires, et les champions locaux de l'époque, les frères Valade et Pierre Raymond Villemiane :

villemiane

Les courses locales étaient fréquentes et populaires. Les gens s'agglutinaient le long de la route pour voir passer les coureurs.

"Un jour, me dit Eric, la course passait par Saint-Avit du Moiron. Les meneurs avaient pris les choses en main. "T'es d'accord pour nous aider, ils m'avaient dit, on sera reconnaissants". J'avais dit que j'étais d'accord, mais la course passait devant chez mon oncle et à cette époque, mon oncle n'était pas au mieux de sa forme, c'est peu dire. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai pédalé comme un fou et je me suis retrouvé tout seul en tête de la course, jusqu'à la fin. En passant devant chez l'oncle, je lui ai fait un petit signe de la main, pour lui dire, "tu vois, ça va"...

Après l'arrivée, qu'est-ce que les coureurs m'ont mis !... Je leur ai expliqué, je leur ai laissé l'argent que j'avais gagné : "je n'en veux pas, vous n'aurez qu'à vous le partager". Ils m'en voulaient quand même...

Quelque temps après, mon oncle est mort"...

Le Critérium de Castillon commençait à attirer les foules. Voici l'affiche du critérium de 1979, la troisième année qu'il se courait. Une affiche de petit format pour une course encore modeste.

cyclisme_1979

Jean Comme a participé aux courses cyclistes de cette époque. Dans ma collection de journaux, il trouve des Sud-Ouest citant ses exploits. C'était en 1969 et 1970. Il me raconte un épisode d'une course qu'il disputa où ? A Belvès ou à Mussidan ? Je ne sais plus, mais il y avait une belle côte à monter. Il arriva au pied de la côte en tête, avec un cador.

"Le gars me dit : "t'as l'air en pleine forme, si tu veux, on va les avoir, on se fait la course à deux. Tu montes la côte à toute allure, je reste dans ta roue, quand t'arrives en haut, tu me laisses le passage, je prends le relais et après, on verra".

En me racontant l'histoire, Jean a le visage illuminé par un sourire, et j'imagine la scène !

"j'avale la côte comme de rien et quand j'arrive en haut, je m'apprête à passer le relais à l'autre. Je me retourne. J'étais tout seul ! Le cador, il avait calé dans la côte ! J'ai continué et j'ai gagné" !

Eric et Jean m'ouvriront leurs albums de photos. J'en présenterai un choix dans ce blog.

Eric me parle des dirigeants cyclistes foyens de l'époque : le père Bonnet et Jean Pagnac, vous savez, le boulanger qui faisait cuire les millas pour le père Blondy. Voici une photo montrant Jean Pagnac, avec un petit chien dans ses bras et à côté de lui, son mitron, Yvan Barrière.

La photo est en triste état...

pagnac

Entre temps, je continue de ranger ma documentation. Dans un dossier concernant la famille Reclus, je trouve un document curieux. Le voici :

reclus_40

reclus_41

Dans cet acte du jeudi 29 octobre 1840, Jean Isaac Reclus déclare qu’on vient de lui voler 5 « gourdes » (citrouilles) sur lesquelles il avait gravé ses initiales JIR. Il espère que cela permettra de découvrir plus facilement l'auteur du larcin.

Je ne connaissais pas cette pratique et j'ai interrogé plusieurs amis. "Oui, les gens gravaient leurs initiales sur les petites citrouilles. On pouvait le faire avec une pointe. Un peu de jus coulait et formait un bourrelet qui s'agrandissait en même temps que la citrouille grossissait. Tout le monde le faisait, et ça s'est perdu dans les années 1950-1960".

Ils m'expliquent en riant que c'était pour éviter que des voleurs ne prennent les citrouilles : "mais si quelqu'un volait la citrouille, il se dépêchait de la manger en soupe ou en milla et de jeter la peau" !

Jacques Gauthier me dit que toutes les citrouilles que son grand père vendait au marché portaient ses initiales.

Madame Lachaud, de Pessac-sur-Dordogne ajoute que certains gravaient aussi leurs initiales sur les courgettes.

Jean-Pierre Puissant me dit que son voisin grave encore ses citrouilles.

J'apprends que les enfants faisaient des dessins ou marquaient des bêtises sur les petits cucurbitacés. "Un jour, j'avais gravé "merde" sur une jeune citrouille", me dit un gamin d'autrefois.

La tradition s'est perdue quand on s'est mis à cultiver les citrouilles en pleins champs, me dit Jacques Gauthier. Quand verra-t-on des citrouilles présentant des gravures sur le thème d'Halloween ? L'idée est lancée, qui la reprendra ?

Nous en revenons aux millas du père Blondy. Je vous avais demandé des histoires analogues, je n'en ai pas reçues... Par contre, plusieurs m'ont demandé des recettes de millas et de soupes à la citrouille.

J'ai mis de côté plusieurs recettes de soupes à la citrouilles. Bien entendu, il s'agit de recettes traditionnelles : "Je la tiens de ma mère qui la tenait elle-même de sa mère"... et ainsi de suite. On remonte ainsi vers des temps immémoriaux. Tant de choses ont changé sauf la recette de la soupe de citrouille : on apprécie les valeurs sûres !

Les gens du pays foyen tiennent le jemboura et la soupe de citrouille pour les meilleures soupes que l'on puisse faire. Le jemboura résultait d'un travail collectif, la préparation du cochon et du savoir-faire de la ménagère qui le préparait. Une fois fini, on le distribuait dans le voisinage. Il en allait ainsi dans chaque maison du hameau. On donnait du jemboura, ensuite, on rendait le jemboura. Il fallait remettre ce que l'on avait reçu.

La soupe de citrouille, c'est la soupe que l'on prépare pour la maisonnée et que l'on mange en famille. Autant de familles, autant de recettes différentes.

Ni l'un ni l'autre ne sont des soupes d'apparat. Aussi n'en propose-t-on pas dans les restaurants gastronomiques. Et pourtant...

Donc, je dispose d'une dizaine de recettes différentes sur un peu plus d'un siècle : de quoi faire un article intéressant... et profitable. Ce qui ne vous empêche pas de me communiquer vos recettes de famille !

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