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Le pays foyen
6 février 2010

Otages en 1941

Monsieur Lucien Bagardie m'envoie ce message :

recherche désignation otages Biarritz en 1941
Je recherche des renseignements sur la désignation d'otages dans les différents quartiers de Biarritz suite à attentat d'un membre des forces d'occupation en 1941. Peut-être est-ce mentionné soit dans le journal La Petite Gironde, soit le journal "la Gazette de Biarritz".
Aucune trace ne semble avoir été conservée dans les archives communales.
Merci d'avance

Je feuillette l'année 1941 de la Petite Gironde. Cette collection est presque complète, il ne manque que 14 journaux.

Il s'agit de la 20ème édition qui couvre Bordeaux et le département de la Gironde. Quelques journaux en double sont de la 15ème édition, Lot-et-Garonne, Auch, Concom, etc. Les mêmes encarts allemands se retrouvent dans ces diverses éditions, le même jour.

J'ai relevé tous les avis, appels et proclamations des autorités allemandes.

La décision de prendre des otages que l'on fusillera date le 21 août. Le 28 octobre, Hitler décide de suspendre l'exécution d'otages complémentaires après les attentats de Nantes et de Bordeaux. Vichy exprime son "soulagement" et précise son attitude face aux "terroristes". Il en sera question plus loin.

La première proclamation retrouvée paraît en première page de la Petite Gironde du 29 janvier 1941. Elle émane du "Chef des Militaerverwaltungsbezirks Bordeaux", le "Generalleutenant" Von Faber du Faur. Il ne s'agit pas encore d'otages fusillés, mais d'une lourde amende financière qui frappe "la population tout entière" de la ville de Bordeaux :

janvier_29

Ensuite, ancun encart des occupants de paraît jusqu'au mois d'août. Le 21 août, le Général lieutenant Von Schaumburg signe un "Avis à la population" que la Petite Gironde publie le 24. C'est la mise en place du système de la prise d'otages dont "un nombre correspndant à la gravité de l'acte criminel commis sera fusillé".

Dans ce seul cas, un bref commentaire justifie la légalité de la procédure, découlant des "clauses de l'armistice" et incite "la grande majorité des Français à réfléchir et à ne pas se laisser entraîner par des agents à la solde de puissances étrangères dont l'unique but est de créer des incidents avec les troupes d'occupation". Cette périphrase vise surtout les communistes.

ao_t_24

Cet "Avis à la population" du 21 août 1941 préfigure l'ordre signé le 28 septembre suivant par le général Von Stulpnagel, ordre que l'on nommera par la suite "le code des otages".

Sero,t désormais considérés comme otages :

- L'ensemble des Français détenus par un service allemand pour quelque motif que ce soit, ou par un service de la police française pour activité communiste ou anarchiste.

- Les Français qui purgent une peine dans les prisons françaises à la demande des autorités d'occupation.

- Les Français arrêtés par les services français à la demande des forces d'occupation, ou remis par elles aux services français.

Roger Terrisse, qui donne ces précisions, ajoute que ces dispositions sont contraires à la quatrième Convention de la Haye du 18 octobre 1907 - Roger Terrisse, Face aux pelotons nazis, Souge, le Mont Valérien du Bordelais, Aubéron, 2000.

Dès septembre, la Petite Gironde commence à publier la liste des otages fusillés en représaille d'attentats divers ou de possession d'armes prohibées et de tracts communistes : 10 dans le mois.

septembre_1

Publié le 8 septembre 1941 :

septembre_8

14 septembre :

septembre_14

15 septembre :

septembre_15

17 septembre :

septembre_17

18 septembre :

septembre_18

20 septembre :

septembre_20

22 septembre :

septembre_22

25 septembre :

septembre_25

29 septembre :

septembre_29

La lecture de ces premières pages de la Petite Gironde, de janvier à septembre 1941, a de quoi éreinter moralement. Autant les parcourir avec un autre regard. L'information mélange de petits faits qui touchent à la vie quotidienne, des événements marquants et des événements historiques - comme la grande presse actuelle...

La propagande s'y fait subtile. Les grande envolées sont réservées aux voyages, aux déclarations et aux décisions du maréchal Pétain. Le reste se partage entre ce qui est "normal" et ce qui ne l'est pas. Avec l'armistice, l'occupation et surtout la collaboration pour critères. Cette norme s'étend à des domaines aussi variés que la loi, la justice, la morale, le "redressement", "l'identité nationale", la répression et la persécution qui s'abattent sur les Français de confession juive, sur les Juifs en général, etc...

En octobre, la répression s'accentue. La Petite Gironde publie une quinzaine d'encarts allemands. Après des "attentats" commis à Nantes et à Bordeaux, cinquante otages sont fusillés. Il est prévu d'en fusiller cinquante autres mais Hitler sursoit à leur exécution.

Voici les encarts du mois d'octobre.

Le 1er octobre :

octobre_1

Le 6 octobre :

octobre_6

Le 9 octobre :

octobre_9

Le 11 octobre :

octobre_11

Le 13 octobre :

octobre_13

Le 15 octobre :

octobre_15

Le 16 octobre :

octobre_16

Le 17 octobre :

octobre_17

Le 18 octobre :

octobre_18

Le 22 octobre :

octobre_22

Le 23 octobre :

octobre_23

Ce même 23 octobre :

octobre_23a

Le 24 octobre :

octobre_24

Le 27 octobre :

octobre_27

Le 30 octobre :

octobre_30

octobre_30_a

A Bordeaux, 50 otages sont aussitôt fusillés au camp de Souge.

La répression ne freine pas les attentats contre les Allemands et donnent une impression épouvantable aux populations françaises. Les autorités d'occupation, partagées entre attentisme et activisme, ont recours à la dénonciation.

Le 1er novembre :

novembre_1

Le 7 novembre, le gouvernement de Vichy légifère sur "les individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique", officialisant ainsi la prise d'otages :

novembre_7

Le 19 novembre :

novembre_19

Les exécutions d'otages n'ont pas cessé, mais la presse n'en publie les avis qu'à partir du mois de décembre.

Le 12 décembre :

d_cembre_12

Le 15 décembre :

d_cembre_15

Le 22 décembre :

d_cembre_22

Le 25 décembre :

d_cembre_25

Et, le 31 décembre :

d_cembre_31

Je n'ai pas pu répondre à la demande de M. Lucien Bagardie : aucun de ces avis ne mentionne d'otages fusillés à Biarritz.

On constate que les encarts allemands publiés dans la Petite Gironde concernent des otages fusillés dans diverses localités de la zone occupée, certains au Mont Valérien près de Paris, d'autres au camp de Souge près de Bordeaux, etc.

Beaucoup d'exécutions ne sont pas signalées et, pour celles qui le sont, le nom des victimes et leur domicile ne sont pas toujours mentionnés.

On dispose d'informations précieuses : l'ouvrage d'André Terrisse sur les 257 fusillés du camp de Souge et, sur le net, la liste des fusillés du Mont Valérien.

  En 1991, Arsène Tchakarian avait publié "Les fusillés du Mont Valérien". Sur les otages et les exécutions de Biarritz, je n'ai aucun document. Je n'ai pas consulté la presse locale ni les archives départementales.

Les camps du Sud-Ouest de la France ont-ils livré des otages exécutés par l'occupant ? Le colloque qui leur a été consacré en 1990, sous la direction de Monique-Lise Cohen et d'Eric Malo (actes publiés en 1994), porte en sous-titre : "exclusion, internement et déportation", et ne mentionne pas d'exécution d'otages.

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Commentaires
L
La désignation des otages dans les quartiers de Biarritz semble dater du printemps 1941.<br /> Pour le quartier de Beau-Rivage le père et ses deux fils ( 21 et 18 ans ) ont été désignés par l'Officier d'Etat civil de la ville , avec quelques autres hommes , pour garder la station de pompage de l'eau du lac Mouriscot . Au quartier du gaz les otages veillaient sur les réservoirs de gaz.Ils ont reçu l'aide de la croix rouge, puis libérés 48hrs après sans explication.
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