Poésie du curé d'Eynesse, en 1640
Le fonds Delpit des Archives municipales de Bordeaux contient cette poésie écrite par le curé d'Eynesse en 1640.
C'est un hommage à Monsieur de Saint-Aulaire, gentilhomme du pays foyen, qui a trouvé la mort au service du Roy.
Pour faciliter la lecture, j'ai donné l'orthographe actuelle.
"A Monsieur
Monsieur de St Aulaire, capitaine en chef pour le roi, au régiment de la Couronne.
A St Aulaire, Epigramme à Monsieur de Saint Aulaire pour l'année 1640.
Saint Aulaire a cherché la mort jusque dans l'Arabie
Mais il est revenu chargé d'un riche lot
Afin qu'il mourut au sein de sa patrie,
Rendant à son tombeau et son corps et ses os.
La terre, ni la mer, l'onde, ni les abîmes
N'ont pu anéantir le coeur d'un tel seigneur
Souplant aux lois du prince, vivant en ses régimes,
C'est donc la pépinière où croîtra son honneur.
Galoppe tes bretonnes (1), la rouge et la noire,
A servir ce grand Louis duquel la récompense
Couronne de lauriers. Tu floriras en gloire
Et tous tes beaux exploits couleront par la France.
Saint Aulaire, aime celui qui t'honore,
A ce tu ne manqueras pas,
Car du levant jusqu'à l'aurore,
Eynesse (2) pour ami tu auras,
Et de l'aurore au levant,
Eynesse t'est obéissant.
Adieu.
1 - Bretonne rouge et la noire, ce sont deux cavales de ce poil que M. de St Aulaire amena.
2 - Eynesse, c'est l'auteur de ces vers excellents, qui étant curé d'Eynesse, prend le nom de sa paroisse".
Vers excellents par leur effet sur l'auditoire qui les entendit déclamer à l'époque. Mais aujourd'hui... On relève les métaphores creuses : "il est revenu chargé d'un riche lot" ; les insistances loufoques : "rendant au tombeau et son corps et ses os" - il aurait donc pu "rendre au tombeau" son corps sans ses os ? ; les formules emphatiques et insensées : "de l'aurore au levant" - l'aurore indiquant un moment dans la journée et le levant une direction géographique, comment peut-on passer d'un temps à un lieu ?
L'auteur se sera-t-il laissé submerger par ses sentiments ? Il aura cependant sacrifié à la mode de son époque.
Qui est ce Saint-Aulaire ? Je l'ignore. Il appartient à la famille de Beaupoil de Saint-Aulaire, mentionnée dans l'Armorial du Périgord publié par Alfred de Froidefond en 1858.
Quand au curé d'Eynesse, je ne connais pas non plus son nom, mais il sera facile à découvrir : les Archives municipales de Sainte-Foy conservent le registre des baptêmes, mariages et sépultures tenu par ce prêtre.