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Le pays foyen
8 juin 2010

2, Roger Verdier à Riocaud

Eté 1939, on placarde les affiches annonçant la fête de Riocaud pour les 6 et 7 août :

riocaud_002

Quatre semaines passent et l'Allemagne envahit la Pologne. C'est la guerre.

petite_001

Riocaud comprend alors 250 habitants. Pour les élections municipales du 5 mai 1935, 81 électeurs sont inscrits et il y a 81 votants. Deux listes sont en présence : la liste du maire sortant, Charles Brugières, dite de "Défense Paysanne", et une liste d'"Union des Gauches".

La liste de Charles Brugières obtient huit élus dont Roger Verdier et la liste de gauche, deux élus. Brugières est élu maire par 8 voix et Verdier, premier adjoint par 9 voix.

Le conseil administre la commune normalement jusqu'à l'armistice en 1940. Le régime de Vichy le maintient en place. Fin 1940, le maire tombe malade et Roger Verdier, son premier adjoint, assure l'administration municipale. 

Roger Verdier est né en 1905. Voici le portrait qu'en donne le commissaire spécial Chemineau, des Renseignements généraux, le 18 juillet 1942 :

verdier1

verdier2

Si l'administration municipale de Verdier est "correcte", elle est vite perturbée par des querelles de personnes et la commune n'est plus gérable. Le 10 janvier 1941, le sous-préfet de Bergerac nomme une délégation spéciale en remplacement du conseil municipal.

Les querelles prennent une ampleur formidable. Les acteurs de la vie communale se haïssent d'autant plus mieux qu'ils se connaissent bien. Chacun cherche des appuis dans la population en faisant état des griefs qu'il a contre l'autre. Les ennemis de Verdier demandent contre lui une mesure d'internement administratif.

La constitution du syndicat communal de la corporation paysanne fournit un nouveau terrain pour ces batailles intestines. La commune se divise en deux clans, l'un se groupant autour de la délégation spéciale et l'autre autour de Verdier. Une ambiance épouvantable s'installe. Le commissaire spécial Chemineau écrit :

verdier3

La nature des plaintes déposées par les uns contre les autres montre à quel point la situation s'est dégradée : plaintes pour infanticide, détention d'armes, circulation sans autorisation, abattage clandestin, détention illégale d'un cachet de la mairie, falsification de vins et détention d'un alambic, trafic de cartes d'alimentation, envoi de lettres anonymes, coups, et enfin, dénonciation calomnieuse, sans oublier une affaire de détournement d'argent.

Des enquêtes sont menées. La plupart des plaintes sont classées définitivement et une affaire mise en attente.

Cette avalanche de plaintes se produit entre avril 1941 et juin 1942. Avec le rapport établi par le commissaire spécial Chemineau, le 18 juillet 1942, l'administration tente de ramener l'ordre et le calme à Riocaud, en ménageant "l'amour-propre" de chaqua antagoniste et en empêchant définitivement Verdier de soulever "de nouvelles difficultés".

Cette situation extraordinaire mériterait une étude plus affinée que l'aperçu rapide que j'en donne. Cependant, il est certain qu'elle eut un grand retentissement en pays foyen. Verdier y gagna une image sans nuance et négative, y compris auprès de maréchalistes convaincus et de partisans de la collaboration.

70 ans après ces événements, l'ampleur et la densité des conflits qui éclatèrent autour de Verdier, dans sa commune, masque l'action qu'il mena comme délégué communal à la propagande. On consulterait peut-être avec profit la cote 58 W des Archives départementales de la Dordogne.

Retenons que l'activité publique connue de Verdier se limita à la commune de Riocaud mais qu'il donna de lui l'image alors très répandue d'un jusqu'au-boutiste farouchement acquis à la collaboration.

rapport

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