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Le pays foyen
4 novembre 2010

Un livre sur Aymon de la Voye (entre autres)

Ranger des livres, surtout quand il y en a beaucoup, réserve des surprises agréables. Par exemple, cet ouvrage :

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Ce sont les "Portraits et Récits Huguenots" de Marcel Lelèvre. La première édition parut en 1895, la seconde, dont mon exemplaire fait partie, en 1903.

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La Société des Livres Religieux de Toulouse fut un grand éditeur protestant du 19ème siècle. Le consistoire et les établissements scolaires de Sainte-Foy commandaient volontiers ses ouvrages pour constituer et enrichir leurs bibliothèques ou, tout simplement, pour les offrir comme prix aux élèves méritants.

J'avais acheté cet ouvrage à un brocanteur foyen. Il provient probablement d'une famille locale.

Dans son introduction, l'auteur écrit, à propos de son premier chapitre : "C'est une sorte d coup d'oeil d'ensemble sur cette admirable épopée d'héroisme qui précéda les guerres de religion, et dont les éléments nous ont été conservés dans l'Histoire des Martyrs de Jean Crespin".

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Je ne possède par cet ouvrage et l'illustration ci-dessus vient du net. Crespin était né en 1520 et travailla à son Histoire des Martyrs à partir de 1550. Dans un style concis et vivant, il fait l'apologie des premiers réformés persécutés et mis à mort pour la vérité de l'Evangile.

Par contre, je conserve un exemplaire d'un autre ouvrage de Crespin, l'Estat de l'Eglise, dans l'édition donnée à Strasbourg en 1565 :

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L'Histoire des Martyrs établit pour longtemps, jusque dans les années 1950, un aspect de l'identité réformée : l'appartenance à un petit troupeau persécuté et martyrisé dès sa constitution, en gros, de 1520 à 1570, puis, attaqué et limité dans ses libertés dès le début du règne de Louis XIV, enfin, proscrit de 1685 à 1787.

L'histoire des martyrs, le rejet et la proscription ont nourri la mémoire protestante et l'ouvrage de Matthieu Lelièvre continua de la vivifier. Il eut certainement une audience particulière en pays foyen : il évoque le martyr du premier prédicateur de la Réforme à Sainte-Foy, Aymon de la Voye, et celui de la demoiselle du Graveron, Philippe de Luns.

Voici les pages qui concernent Aymon de la Voye :

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De la fin du 19ème siècle à nos jours, plusieurs études historiques furent consacrées à Aymon de la Voye ou publièrent des textes inédits, de l'époque, le concernant. On ne m'en voudra pas de ne pas citer ces études : je n'ai pas ma documentation sous les yeux.

Je me contente de faire une remarque. En allant au supplice, Aymon de la Voye chanta les psaumes 114 et 115. Si Clément Marot avait commencé à mettre plusieurs psaumes en vers français, Claude Goudimel n'en avait pas encore donné cette harmonisation à quatre voix qui les a rendus célèbres et quasi immuables dans les Eglises réformées. Aymon de la Voye connaissait donc le Psautier de Genève que Calvin avait fait publier en 1539. La plupart des mélodies, à une voix, étaient des chants de l'église allemande de Strasbourg. La mélodie des psaumes 114 et 115 a été conservée par la suite. Voici le psaume 114 dans une édition donnée à Leyde et à Utrecht en 1731 :

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Voici le début du psaume 115, lu dans une Bible protestante de 1823 - je n'ai pas de Bible du début du 16ème siècle :

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Avant de mourir, Aymon de la Voye s'était adressé aux écoliers du collège de Guyenne venus assister à son supplice : "Je vous en prie, étudiez en l'Evangile ; il n'y a que la parole de Dieu qui demeure éternellement".

En 1903, les jeunes protestants qui reçurent le livre de Lelièvre connaissaient admirablement la Bible et en particulier, les psaumes : la Bible et le psautier (souvent, celui de Marot et Goudimel) formaient le fond de la bibliothèque des familles protestantes. Aymon de la Voye était mort pour sa foi. Eux essayeraient de vivre leur foi.

Mais ceci est une autre histoire !

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