Protestants et Juifs en pays foyen de 1939 à 1945
Je relis le cahier que les Amis de Sainte-Foy viennent de consacrer à ce sujet.
Comment aborder cette époque, quelles sont les bonnes questions ?
On peut donner un aspect cohérent à une suite de suppositions : "on sent une affinité..., a indéniablement joué..., a sûrement compté..., ont certainement circulé..., sans doute..." (page 13 du cahier). Au mieux, c'est une façon d'exposer des hypothèses de recherche.
Ce qui incite à poser des questions et à explorer les archives de l'époque.
- Sous l'Etat français, quelles furent les opinions et les choix politiques des familles des témoins foyens interrogés ? Les membres de ces familles s'engagèrent-ils ou non dans l'administration mise en place par Vichy et à quel niveau ?
- Comment les protestants foyens réagirent-ils aux lois raciales de Vichy ?
- En 1941, le pasteur Marc Boegner demande aux protestants du pays foyen d'apporter leur appui total au régime de Vichy. Comment sa demande fut-elle accueillie ?
- En pays foyen, comment fut appliquée la loi du 22 juillet 1942 qui prescrivait "l'aryanisation" des biens juifs ? Quelles furent les relations de M. David Bouaknin avec la résistance foyenne ?
- Quelles furent les activités du groupe de protestants foyens ultra-collaborationnistes ?
- Comment, quand et par qui furent listés les Juifs, et aussi, les communistes, les gaullistes, les franc-maçons et les résistants ?
Ces questions primordiales ne présentent guère de cohérence. Dans un cadre de recherche qui reste à explorer, les réponses apportent des éléments structurels et peu de perspectives chronologiques. Si elles sont nécessaires, ces questions sont loin d'être suffisantes.
Elles renvoient à la consultation de documents. En particulier, le "cahier-journal" tenu par Emile Herpe au début du mois d'août 1944, les éléments de l'enquête sur le "massacre de 6 Juifs" au Soleilhou, menée par la Direction Générale des Services Spéciaux en novembre 1944, etc.
Dans le second semestre 1945, le juge Demichel, vice-président du tribunal de Première instance de Bordeaux, procède à une information contre Besson-Rapp. Les pièces du dossier présentent les faits sous un aspect qui n'a rien à voir avec ce qu'a retenu la tradition locale.
Fin 1945, M. Meymi mène une enquête sur l'assassinat des Juifs et le passage de "certaines formations allemandes" à Sainte-Foy la Grande. Quels sont les résultats de son enquête ?
L'assassinat des six Juifs foyens a fait l'objet de deux enquêtes : une menée par la Direction Générale des Services Spéciaux à partir de novembre 1944 et l'autre, par la Direction des Crimes de Guerre Ennemis à partir de décembre 1945. De plus, une information judiciaire fut ouverte contre Besson-Rapp, chef du groupuscule d'ultra-collaborateurs qui assassinèrent les Juifs. Cette partie du dossier n'émergea pas. Pourquoi ?
Décrire la vérité et les vérités de cette époque en pays foyen demande de longues recherches et un travail complexe. Sommes-nous en mesure de les entreprendre ?