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Le pays foyen
13 septembre 2012

Le Nouveau Vignole et le Messager de la Charité

Cet exemplaire du "Nouveau Vignole" a appartenu à un maçon qui habitait à Andiran, près de Nérac. L'ouvrage fut publié en 1755 et offre de nombreuses gravures qui présentent les cinq ordres d'architecture. Je conserve un livre de comptes de ce maçon, du début du 19ème siècle.

vignole1    vignole2

 

L'ouvrage présente les canons d'un classicisme inspiré de l'Antiquité, en particulier, du siècle de Périclès et qui resta fort longtemps à la mode en France. Avec plus ou moins de détails, le livre de comptes donne une liste de travaux effectués par le maçon de 1805 à 1813. Dans quelle mesure le nouveau Vignole a-t-il inspiré les réalisations du maçon ?

Dans ma collection de journaux, voici des exemplaires du Messager de la Charité :

 

vignole3

 

La une du numéro du 6 décembre 1856 présente un article sur "Les logements du peuple", rédigé par l'abbé Mullois, le directeur de la publication. Le sous-titre pose le problème en même temps qu'il en donne une solution : "un petit coin de place, s'il vous plait, pour les pauvres".  

Pour l'abbé Mullois, "la charité, c'est le bon ange, c'est le bon génie de la France, c'est peut-être sa plus grande gloire. Il y a tout à espérer d'un peuple où règnent le coeur, la pitié".

Cependant, à l'époque, la charité fut mise en cause dans son principe et par les faits : la charité soulage, la prévoyance éloigne définitivement la misère. C'est la thèse qui fut appliquée au début du 19ème siècles par les fondateurs des caisses d'épargne et des sociétés de secours mutuels. 

L'article donne des pauvres la description que Louis Chevalier a analysée dans son ouvrage paru en 1984 : "Classes laborieuses et classes dangereuses". Ce "petit coin de place" accordé aux pauvres dans la société évitera que la misère n'engendre des troubles sociaux qui, selon l'abbé Mullois provoqueraient l'engorgement des prisons. L'abbé ne traite pas des équivalences entre droits et devoirs. Ce thème abordé par plusieurs courants socialistes au cours du 19ème siècle connut son pein épanouissement dans les dernières décennies de ce siècle. Mais très tôt, et en tout cas en 1856, quand paraît ce numéro du Messager de la Charité, il imprègne déjà les livres scolaires de morale. Exercer pleinement ses droits et ses devoirs constituait la dynamique essentielle de la solidarité.    

Quitte à m'éloigner du sujet je pense à Léon Bourgeois qui, à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, fut le théoricien du solidarisme. J'ai sous les yeux un exemplaire de l'"Essai d'une philosophie de la solidarité" qu'il publia en 1902 avec Alfred Croiset. Cet ouvrage fut vendu par la Librairie-papèterie Roquemaure, rue de l'Union, à Sainte-Foy.

Avec l'exercice des des droits et des devoirs du citoyen, puis avec la solidarité, nous avons quitté le socle de la charité sur lequel se dresse, avec tant d'autres, la stature de l'abbé Mullois : c'est montrer les limites de cette charité réclamée par l'abbé.

Enfin, ces thèmes et des phrases nous renvoient à notre époque. Par exemple : "Nous avons aidé à nourrir les pauvres, maintenant, il faut les loger".

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