Un notable en bourgeron
Paradoxe, il porte un bourgeron bleu. Le bourgeron était une blouse de toile assez ample, que portaient les ouvriers, des soldats... Ce mot n'est plus employé, et qui le connaît ? Un très vieil ami me l'avait appris. Son père avait été gendarme en Algérie dans les années 1930. Pour étriller son cheval, le gendarme mettait son bourgeron gris.
Pourquoi ce notable d'Eynesse porte-t-il un bourgeron ? Mode ou confort personnel ? Avec son tissu souple, ce vêtement vaut peut-être toutes les vestes d'intérieur. De quand date cette gouache ? Entre 1860 et 1890 ?
1848, Seconde République. Le nouveau gouvernement distribua des places de théâtre gratuites aux ouvriers pour leur permettre d'assister aux représentations du Théâtre Français, notre actuelle Comédie Française.
Ecouter Rachel, la grande tragédienne déclamer Phèdre, se "taper" une heure et demie de Cid, deux heures et plus de Cinna, beaucoup de petites gens revendirent leurs places et leurs bourgerons à des bourgeois, à des jeunes gens pauvres mais de bonne famille et tellement doués. etc.
Ainsi, dans la salle, ouvriers ou non, tout le monde ou presque portait un bourgeron. La mode se répandit. Pour ce qui nous intéresse, jusqu'à Eynesse.
Au mot Bourgeron, Wikipédia donne deux citations. En voici d'autres.
- "Il portait une blouse bleue, de celles qui descendent à peine sur les hanches et qu'on appelle bourgerons". Ponson du Terrail, Rocambole, les Presses de la Renaissance, Paris, 1971, p. 92.
- Dès le lendemain, Lupin, vêtu d'un bourgeron et coiffé d'une casquette, se dirigea vers Neuilly et commença son enquête". Maurice Leblanc, 813, Presses de la Renaissance, 1980, p. 395.
- "Le Barbu, affublé d'une blouse bleue et coiffé d'un grand chapeau mou avait une vague allure de paysan". Pierre Souvestre, Marcel Allain, Fantomas se venge, livre de poche, 1961, p. 165.
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