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Le pays foyen
3 novembre 2007

Sainte-Foy défile !...

En 1909, le jeune Auguste Grenouilleau présente sa revue, "Sainte-Foy défile !..." avec un groupe d'amis.

La statue de Paul Broca reprend vie. Le savant descend de son piédestal et se fait présenter sa bonne ville de Sainte-Foy dont il n'avait guère eu de nouvelles depuis sa mort, en 1880. Notables, petites gens et enfants l'informent des nouveautés. Broca commente et apprécie.

camif21    Le statue de Paul Broca fut enlevée le 20 mars 1942 pour entrer dans la quantité de bronze exigée par l'occupant allemand. Le savant est représenté en train d'examiner un crâne humain.

La revue eut un succès considérable. Elle fut même jouée à Bergerac. Elle souleva aussi des passions : cet hymne à la république ne fut pas du goût des conservateurs. Grenouilleau en publia le texte en avril 1911, presque deux ans après les représentations. Il s'en explique dans la préface :

"Monsieur PUBLIC, Sainte-Foy la Grande (Gironde),

Mille excuses de mon retard à te présenter ce petit livre. Ta gentillesse à mon égard méritait, je l'avoue, plus d'empressement, mais j'avais une idée que je croyais bonne (peut-être parce qu'elle plaisait à ma nonchalance) : Je voulais, avant de publier ma Revue, que se fût apaisée la polémique entretenue autour d'elle. Après en avoir affrontée la violence, je voulais en connaître la durée".

Il y eut une édition chez les deux imprimeurs foyens, le protestant et le catholique, chez Roche et chez Fraysse. Il y eut aussi au moins une édition comportant les publicités de commerçants et artisans foyens.

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Les thèmes de la couverture, la vieille tour d'angle et le pont suspendu étaient apparus sur le programme de la fête de 1909. Ils furent repris sur la couverture de la Revue puis, des programmes des fêtes et du "livret-guide illustré" du Syndicat d'Initiative. Ainsi, on utilisa les mêmes motifs de couverture jusqu'à la guerre. Ensuite, on les habilla d'une graphie moderne que l'on conserva jusque dans les années 1970 !

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Quand Auguste Grenouilleau écrivit "Sainte-Foy défile !...", les revues locales étaient à la mode. Avec ses brouillons, il avait conservé la brochure de la revue qui fut publiée à Villeneuve-sur-Lot en 1899 : "Les Cadettes de Gascogne". Peut-être ce texte lui donna-t-il l'idée du spectacle qu'il monta à Sainte-Foy.

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La musique de la revue fut composée par Camille Mellet, excellent musicien et professeur de violon. Selon une longue tradition, il avait repris et arrangé des airs connus.

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L'oeuvre ne fut pas écrite d'un jet. Les brouillons abondent, avec des passages biffés remplacés par des textes nouveaux. Un petit carnet cartonné contient un canevas sommaire. Puis viennent ces feuillets remplis d'ajouts et de repentirs.

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Enfin, Auguste Grenouilleau eut en main le manuscrit définitif ! Après le point final, vint le travail des copistes : on compte 61 acteurs qui tiennent 78 rôles.

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Jean-Baptiste Curet doit encore peindre les décors. Il vient d'installer à Sainte-Foy son atelier de peintre et de photographe. Dans les albums, vous verrez des cartes postales qu'il publie dans les années 1910-1915. Les acteurs posent devant son appareil photographique. Je n'ai trouvé que quatre de ces photos...

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La revue souleva des polémiques. En 1908, les foyens s'étaient donnés une municipalité de gauche et "Sainte-Foy défile" affichait des convictions républicaines. Les conservateurs hurlèrent. On prétendit que les francs-maçons foyens guidaient la démarche d'Auguste Grenouilleau. Quelques foyens, cités dans la Revue, s sentirent égratignés. Dans les années 1960, les derniers témoins chantaient encore des passages entiers de la revue et se souvenaient des clameurs qu'elle souleva.

Le 30 juin 1911, Gaston Bourniquel, qui vient de recevoir la revue, écrit à son ami Auguste Grenouilleau : "Mon vieux, tu peux marcher ; ton machin est bath et je conçois que ce pavé ait fait quelque bruit dans la mare stagnante de Sainte-Foy. Peut-être tes appréciations sur les indigènes de ce patelin te vaudront-elles de lourdes inimitiés de leurs petits esprits... et tout ça, pour quelques petites allusions au péché mignon d'un facteur rural (au fait, est-il si rural que ça ?)".

En 1912, les polémiques s'étaient calmées et Auguste Grenouilleau donna deux exemplaires de la Revue à la commune. Le conseil municipal en prit acte : "Si cette offre gracieuse, dit Mr le Maire, mérite tous nos remerciements, Mr Auguste Grenouilleau a droit aussi à toutes nos félicitations pour cette oeuvre charmante bien digne de la place que nous lui destinons dans nos archives municipales".

Cependant, toujours en 1909, Auguste Grenouilleau et un groupe d'amis créent le Stade Foyen. La Revue et le Stade contribuent à regrouper de nombreux jeunes foyens que les clivages religieux et politiques avaient séparés depuis longtemps.

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Je n'ai pas abordé l'essentiel : le thème de la Revue, le savant Paul Broca découvrant ce qu'est devenue sa ville natale en 1909. Presque un siècle nous sépare de ce Sainte-Foy. Nous le découvrirons dans un prochain post, en compagnie d'Auguste Grenouilleau et des personnages de sa Revue.

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Commentaires
L
Alain Morel me fait remarquer une erreur que j'ai commise en légendant la carte postale représentant la statue. Je précise qu'il s'agit là de la version officielle qui a toujours cours et a longtemps servi à expliquer l'enlèvement de la statue. Ce sont des ouvriers français, sur ordre de l'administration de Vichy, qui ont enlevé la statue pour en faire du sulfate de cuivre destiné aux vignes. (8 mars 2014).
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