Bloc-note, la Petite Gironde des années 1940-41
Je range des numéros de la Petite Gironde, période 1939 à 1944. Ils sont déjà classés par mois et par numéros. Je les lis au jour le jour.
C'est la guerre. Elle s'étend. On voit des cartes du front de l'est qui indiquent tout sauf le front tant il est étendu et fluctuant. Le événements s'accélèrent, où ne se bat-on pas ? Quel pays n'est-il pas concerné par le conflit, directement ou indirectement ?
J'ai pris le premier tas qui s'est présenté : 1940 /1941. Comment juger de l'importance d'une nouvelle ? Par la taille des caractères du titre, par la place qui lui est donnée, par l'impact qu'elle a sur le lecteur ?
La déroute, les soldats morts "au champ d'honneur", les prisonniers, les réfugiés, le statut des Juifs, le rationnement, qui s'inscrivent dans la révolution nationale du maréchal Pétain...
La loi prescrivant la peine de mort à tout soldat français combattant dans une armée étrangère, les attaques anglaises sur la flotte française à Mers-el-Kébir et sur Brest, l'entrée en guerre du Reich contre l'URSS, qui ont pour résultante la lutte contre le communisme...
Que faire de ce tourbillon d'événements, comment agréger ces nouvelles à sa vie quotidienne ? Il suffit de lire son journal chaque jour.
Le 15 juin 1940, le feuilleton d'André Legrand, "les prisons nazies", passe à la trappe, et pour cause.
La Petite Gironde, 28 juillet 1940 :
Des régiments et des bribes de régiments de retrouvent stationnés à Sainte-Foy, La Force, Saussignac, Sigoulès...
Jour après jour, de pleine pages de "recherches" de soldats ou de familles disparues (La Petite Gironde, 28 juillet 1940) :
La Petite Gironde, 14-15 juillet 1941. Notez la "trogne" des deux soldats communistes :
La Petite Gironde, 18 juillet 1941
La Petite Gironde, 24 juillet 1941 :
Je feuillette ces journaux et je pense au débat sur les commémorations. Les Français adorent commémorer, est-ce qu'on en fait trop ? Reportez-vous au rapport de la commission Kaspi et chacun, à sa place, pourra relancer le débat.
Il est tardif, ce débat, plus de 60 ans après les événements.
A l'époque, l'instituteur de Monségur qui a donné son sentiment sur la situation de son pays, a été condamné à 1 an et un jour de prison, à 500 francs d'amende et à la privation de ses droits civils, civiques et familiaux pour dix ans...
Il y a un temps pour toute chose. Pour démarquer Vialatte, il reste à commémorer l'ignominie quand on ne l'a pas évitée.
Bref, je classe, je note les faits qui m'intéressent, je reçois la visite inattendue d'un universitaire américain, historien, spécialiste du 20e siècle et qui a pour sujet de prédilection les réfugiés Alsaciens et Lorrains, au début de la guerre. Longue discussion et échange de mails. Je lui enverrai mes notes.
Je voudrais vous signaler plusieurs ouvrages sur les thèmes que j'ai cités. La liste serait longue et je ne vous donne qu'un titre :