Sainte-Foy la Grande, dans l'oeuvre de quelques écrivains

Un été, je reçus la visite d’une vacancière :

- « Bonjour Monsieur, je passe mes vacances à Sainte-Foy, je sais que j’ai entendu parler de cette ville mais je n’arrive pas à me rappeler à quel sujet. Je suis allé à la bibliothèque municipale qui n’ont pas pu m’aider, ils m’ont envoyé à la mairie, qui m’ont envoyé au Syndicat d’Initiative, qui m’ont envoyé chez vous »…

J’ai cité à la dame les grands événements de l’histoire locale, puis les visites de célébrités et enfin nos fameux « enfants célèbres » qui ont tous acquis la célébrité à l’âge adulte et ailleurs qu’à Sainte-Foy.

Aucune de mes pistes ne ravivant ses souvenirs, la dame se morfondait en silence. Un ange est passé…

- Ce ne serait pas la pièce de Francis Blanche, « Adieu Berthe » ?

La dame est devenue cramoisie : c’était bien la pièce de Francis Blanche, « Adieu Berthe »…

Adieu Berthe est l’adaptation de la pièce « Room » de John Murray et Allen Boretz; Room fit un succès à Brodway avant la guerre. Elle fut adaptée en français par un maître du dialogue, Albert Husson et un maître du rire, Francis Blanche et devint "Adieu Berthe".

Adieu Berthe fut créée le 8 février 1968 au Théâtre des Bouffes-Parisiens. Ce fut un succès prodigieux. La pièce fut diffusée à la télé, la première fois le 31 décembre 1970, puis le 25 décembre 1974 et enfin, le 10 août 1979.

La dame l'avait vue et revue...

Vous ne connaissez pas cette pièce ? Francis Blanche joue le rôle de Bethold, un producteur de spectacle totalement démuni d‘argent. Il s’est installé  dans un hôtel avec toute sa troupe. Ils répètent la pièce d’un auteur de province.

L’auteur débarque sans qu’on l’attende. Il arrive de Sainte-Foy la Grande et il est bête, mais bête… Jacques Jouanneau jouait ce personnage à merveille, il « débordait » du personnage, il semblait incarner le foyen type. On aurait pu lui appliquer la formule malheureuse qu'on peut lire dans un compte-rendu théâtral de l'Express de l'Aube du 20 mars 1932 : "M. Cadet, qui remplit avec un naturel très aisé son rôle de parfait imbécile"...

Parmi tant d'autres, voici quelques répliques concernant notre auteur foyen balourd. A un moment, il est malade.

« Ruinard. M… M… m… m… malade ? (Ruinard bégaye...).

Berthold. Hélas ! C’est la tête, n’est-ce pas ! Il a commencé par écrire une pièce… on ne l’a pas soigné à temps… et voilà.

Ruinard. Mais je croyais qu’il arrivait de Sainte-Foy L… L… la Grande.

Berthold. Vous voulez dire qu’il s’est échappé de Sainte-Foy-la-Grande ! »

Assis et rayonnant de bêtise, Jacques Jouanneau, notre auteur foyen. Derrière lui, Jean Carmet, Bernard Dumaine et Francis Blanche :

Je comprends la gêne de la vacancière qui avait eu « Adieu Berthe » pour seule référence sur notre ville coquette, dynamique et tellement intellectuelle…

Elle ne fut pas la seule à être gênée. A l’époque, Auguste Grenouilleau adressa une lettre de protestation à Francis Blanche. Il avait jadis écrit la fameuse revue « Sainte-Foy défile » et, peut-être, pensa-t-il que son devoir était de protester contre l‘image désatreuse qu‘ « Adieu Berthe« donnait des Foyens. J’ignore si Francis Blanche lui répondit, et notre auteur bouseux qui émergeait de sa campagne continue toujours de s’échapper « de Sainte-Foy-la-Grande ».

Je ne vous raconte pas la pièce. Je vous laisse le plaisir de la découvrir, si vous ne la connaissez pas. Elle existe en VHS et en DVD. C’est l’enregistrement fait le 20 juin 1970 au Théâtre Marigny. Francis Blanche y est époustouflant.

Ce personnage d'auteur bête, décalé et jamais abattu, c'est le provincial, le rat des champs; avec une pointe de prétention, il serait Gascon. Adieu Berthe lui a donné un berceau : Sainte-Foy la Grande. Comme pour la vacancière, ce cliché s'enfouit dans les mémoires et on l'oublie. Parfois, il ressort. En 1999, après l'inauguration de la Bibliothèque François Mitterrand, une des plus importantes bibliothèques du monde, France Culture diffusa un reportage satirique sur l'inauguration "de la plus petite bibliothèque de France"... à Sainte-Foy la Grande.

Il y a d'autres mentions de Sainte-Foy-la-Grande dans des ouvrages littéraires.

Pour mémoire, notons que Montaigne cite plusieurs fois notre bastide dans son « Journal de Voyage ». Gérard de Nerval mentionne Sainte-Foy dans son œuvre.

Dans un prochain post, je vous parlerai d’écrivains qui ont amplement utilisé Sainte-Foy et le pays foyen.

Comments

[-V-]

je vais découvrir ça avec plaisir !