Jean-Henri de Gorsse, protestant à Riocaud, vers 1756

Jean-Henri de Gorsse habita au château des Egrons, dans la paroisse de Riocaud. J'ignore sa date de naissance et celle de sa mort. Dans les années 1750, il fut capitaine au régiment de Vaubécourt.

Il mourut avant 1769 : le 9 décembre de cette année, sa veuve, Marie Boymier déclara qu'elle allait habiter la paroisse de Saint-Laurent, juridiction de Pellegrue, et demanda sa radiation des rôles de la capitation de Sainte-Croix des Egrons.

C'est peut-être ce Jean-henri de Gorsse qui tint ses comptes sur un vieux registre dont je conserve une photocopie, de 1575 à 1761.

Il subsiste de lui un ouvrage peu fréquent rédigé par le pasteur Jean-Frédéric Ostervald. Après sa mort, en 1747, son fils en trouva le manuscrit dans les papiers de son père et le fit publier en 1752. Son titre : "Des entretiens pieux".

Jean-Henri de Gorsse ne l'a pas annoté. Mais il conservait dans cet ouvrage un certificat signé par Jean-Rodolphe Ostervald, fils de Jean-Frédéric, et pasteur de l'église française de Bâle :

Monsieur Jean Henry de Gorsse, capitaine au Regiment de Vaubecourt, ayant fait quelque sejour a Thuringuene, se fit connaitre a nous d'une telle manière que nous l'admimes a la participation de la Ste Cène qu'il celebra avec nous le premier dimanche de février de la presante annee 1756, ce que nous declarons a sa requisition, a Basle, le 22 du dit mois de cette année 1756. Ostervald, pasteur de l'Eglise française de Basle.

Ostervald écrit Thuringene en phonétique. Il s'agit de Thuringe, au centre de l'Allemagne, capitale Erfurt.

Ce certificat devait permettre à Jean-Henri de Gorsse d'être immédiatement admis à une sainte Cène là où il se trouvait, sans que le pasteur ait besoin de le connaître.

A la suite des Entretiens Pieux d'Ostervald, ont été reliés 65 feuillets qui donnent une liturgie protestante manuscrite? Voici la première page :

Je n'ai pas vérifié si cette liturgie reproduit celle de Jean-Frédéric Ostervald. L'ouvrage et la liturgie manuscrite méritent une lecture attentive. Elle permettra de préciser l'usage qu'un Foyen faisait de la Bible, dans ce milieu du 18ème siècle qui vit se succéder, en pays foyen, des assemblées au désert : Le Fauga, actuelle commune de Port-Ste-Foy et Ponchapt en 1745, Margueron l'année suivante, Saint-Seurin de Prats en 1749, etc.

Ne croyez pas que ces assemblées réunirent des protestants dans des lieux déserts. Leur nom est une référence à un épisode de l'Ancien testament, la traversée du désert par les Hébreux.

Jean-Frédéric Ostervald définit ainsi ses "Entretiens Pieux" : "Ce sont ceux où l'on parle de la Piété, par un principe de Piété, & dans la vue de s'y avancer". On retrouve le sens de la vie que pratiquèrent les évangélistes du pays foyen : mettre en harmonie sa foi, ses principes, sa pensée, sa morale et ses actions.

Les "Entretiens Pieux" d'Ostervald sont-ils une des origines lointaines du courant évangélique apparu avec force en pays foyen dans les années 1830 ?